Extraits :
« En 1947, Antonin Artaud écrit Van Gogh le suicidé de la société. Il y dit que Vincent Van Gogh n’a eu aucun successeur. En 1947, Antonin Artaud a raison : Van Gogh n’a eu alors aucun successeur. Pas dans le sens où il faudrait que les peintres se brûlent la main, se coupent l’oreille ou peignent des corbeaux avec, dans le ventre, la balle du fusil qui est en train de les tuer : Van Gogh n’a eu aucun successeur dans le sens où il n’y a pas eu d’autres peintres qui ont pris avec un même sérieux que lui le motif – le paysage, la nature morte, l’objet, le portrait – c’est-à-dire la réalité. Il n’y a pas eu d’autres peintres qui ont vu, comme lui, la réalité comme un objet métaphysique plus mystérieux que ce que pourraient produire l’imagination ou même l’abstraction. Van Gogh n’a eu aucun successeur dans le sens où il n’y a pas eu de peintre qui, comme lui, serait obsédé par l’activité picturale elle-même, au point de peindre et de dessiner sans arrêt ce qu’il voit. Peindre et dessiner avec l’obsession d’atteindre cette puissance d’affranchissement spéciale qui puisse le libérer et libérer avec lui les productions de la nature. Peintre ou dessiner sans arrêt pour libérer la vision.
« Qu’est-ce que dessiner ? écrit Van Gogh à son frère Théo. C’est l’action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible, qui semble se trouver entre ce que l’on sent et ce que l’on peut. Comment doit-on traverser ce mur, car il ne sert de rien d’y frapper fort ? On doit miner ce mur et le traverser à la lime, lentement et avec patience. »
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