Post Facebook du 1er Septembre 2015 à l'occasion de la diffusion de Hormona (composé des courts-métrages : Prehistoric Cabaret, Y a-t-il une vierge encore vivante ?, Notre-Dame-des-Hormones).
Enfin les films de Bertrand Mandico projetés dans une salle de cinéma !
C’est pas trop tôt. Les plus beaux films de notre époque sont les moins aisés à voir. Il fallait naviguer entre les festivals et les rétrospectives pour pouvoir attraper du regard les courts et les moyens métrages de Bertrand Mandico avec Elina Löwensohn. Mais une fois qu’on les as vu, on n’en revient pas. On les as vu pour toujours. Ils ne quittent plus nos rêves. On vit des journées perpétuelles dans la maison anxiogène de « Notre-Dame-des-Hormones » ou dans le planétarium érotique de « Prehistoric Cabaret ». On poursuit sans fin notre vie de Jeanne… La Jeanne de « Y a-t-il encore une vierge vivante ? » avec sa violence, son masque et sa folle poésie... Tout ça c’est nous. C’est « nos vies mandico-isées ».
Le Studio Galande maintenant réquisitionné, je propose de passer très vite à l’étape suivante : trouver une salle de cinéma par film de Bertrand Mandico avec Elina Löwensohn – une salle dans laquelle rejouer chacun de leurs films perpétuellement, et faire de Paris un « Mandico & Löwensohn Land », avec des cinémas-temples dans chaque quartier dans lequel rentrer, prendre leurs films en cours de route, se laisser « reprogrammer » par eux et ressortir transformés. On entre dans un cinéma qui diffuse un film de Bertrand Mandico comme dans un Temple cannibale. Il faudrait d’ailleurs un espace pour déposer des offrandes : des fruits, des fleurs, un œil, un sein, une bouche…
Les films de Bertrand Mandico se revoient comme ils se vivent : en boucle, dans un cosmos de chair chaude, plongés dans les dialogues cruels des actrices comme dans un bain moussant. Drôles comme des Topor, branques comme des Bunuel, excitants comme des Cronenberg, ils oscillent entre une suprême rigueur esthétique et une folle liberté. Ils ne sont pas seulement le présent et le futur du cinéma : ils sont même son passé réinventé. Tout grand artiste est un mage rétroactif, donnant un sens nouveau aux œuvres de ses prédécesseurs. C’est tout le cinéma polonais, italien, japonais, français qui se voit réinterprété dans les images de Bertrand Mandico : les noces de Cocteau et d’Argento, de Matsumoto et de Borowycz. Et c’est ce cinéma que ses images permettent de rouvrir, réinterroger et aimer à nouveau. Les films de Bertrand Mandico nous apprennent à voir.