Entretien réalisé par Philippe Nassif à l'occasion des 20 ans de Technikart.
Que faisiez vous en 1991 (& quel était votre état mental à l'époque) ?
J’allais à au lycée Blaise Pascal, à Clermont-Ferrand, où je préparais mon bac français. J’avais quinze ans. J’écoutais Frank Zappa et Thelonious Monk. Dans mes rêves, je voyais des naines brunes, résidus d’étoiles mortes il y a plusieurs milliers d’années, exposées dans des couloirs blancs et verts, des vitres brisées, des hordes d’errants et des chats qui parlent. Je voulais écrire des livres, faire des films et me recueillais dans la chapelle de Notre-Dame-du-Port, où je priais une Vierge Noire. Je détestais la France à cause de son engagement dans la Guerre du Golfe. J’aimais danser. Je commençais à porter des cravates.
Que faites-vous aujourd'hui/votre état mental en cette année 2011 ?
Je vis à Paris, où je termine l’écriture de « Tous les Chevaliers Sauvages » pour les éditions Philippe Rey, et travaille le montage des films de la série « Le Dispositif » avec Thomas Bertay, dans laquelle on voit beaucoup d’images de Bohémiennes dans la crypte de sainte Sarah, aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Mais je fais toujours des rêves d’examen. Et je revois souvent la cour immense et venteuse du lycée Blaise Pascal, parfois ornée d’un buste menaçant d’instructeur primordial datant de l’Auvergne préchrétienne. J’ai trente-cinq ans. J’écoute Thelonious Monk et Frank Zappa. Je déteste la France à cause de son engagement dans la Guerre en Libye. J’aime danser. Les cravates me supportent toujours.
L’oeuvre qui vous a le plus marqué en 1991 ?
Twin Peaks.
L’oeuvre qui vous a le plus marqué en 2011 ?
Fringe.
Ce qui vous motivait en 91 ?
La grâce, le café noir, la destruction inconsciente de l’Occident, la statue « L’esprit et la Matière » de la place Michel de l’Hospital, les bandes dessinées de Mattt Konture, les chats, les freaks, le Tao, les séries télévisées, quelques hommes et quelques femmes, la nourriture japonaise et le son de la trompette bouchée.
Ce qui vous motive aujourd'hui ?
Le café noir, la statue de la Grisette de la rue du Temple, les chats, les freaks, la grâce, les images de Scott Batty, les traités de samouraï japonais, la Baghavad Gîtâ, les séries télévisées, quelques femmes et quelques hommes, le son du trombone à coulisse et la destruction consciente de l’Occident.
Un espoir pour 2031 ?
Dans notre doctrine, nous
n’avons ni espoir ni crainte. Et il est interdit de penser
à l’avenir.