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Chronique de The Bride Screamed Murder
Paru en 2010

Contexte de parution : Rock&Folk

Sujet principal : Melvins
Cité(s) également : plusBlack Sabbath, Coady Willis, Dale Crover, Jaco Pastorius, Jarod Warren, King Buzzo




Quelqu’un a tué quelque chose, mais quoi ? La question du « Jabberwocky » est implicite au titre de gloire du nouveau Melvins : « The Bride Screamed Murder ». Pourtant, on sait tout de suite la réponse. C’est les Melvins les coupables, et ils ont tué la rapidité : l’époux naturel du Hard Rock. On ne dira jamais assez combien il faut être bon pour jouer aussi lent. À côté, Black Sabbath, c’est Jaco Pastorius… Le disque va progressivement, mais sûrement, vers le ralentissement suprême : Eldorado du Sludge Metal. Globalement sinistres, martiaux et sympas (des euphémismes quand on parle des Melvins), toujours accompagnés par Coady Willis et Jarod Warren, Dale Crover et King Buzzo avancent dans leurs « Evil New War God », « I’ll Finish You Off » (headbanguant à souhait) ou « Inhumanity and Death » avec l’efficacité presque mainstream de leurs deux précédents albums, « (A) Senile Animal » (2006) et « Nude With Boots » (2008)… La petite entreprise des Rois du Lourd ne connaît pas la crise ; c’est quand même le premier disque des Melvins à atteindre les Charts (en 200e place, certes, mais c’est un événement). Très rares sont les groupes qui atteignent leur vingtième album et dépassent leur vingt ans de carrière sans une baisse drastique de qualité. Les Melvins font partie de ceux qui auront carrément réussi à se bonifier. Des espèces de thèmes de films de guerre (génial « Pig House ») ou d’horreur (l’archétypal « Hospital Up ») s’enchaînent, voire même un break mi-Jazz mi-Mothers of Invention, faisant la navette autour de cette intrigue parfaite ; ils nous entraînent vers le sommet du disque : une reprise de « My Generation » des Who, absolument incroyable, démentielle, définitive, même pas drôle, et jouée sur un rythme si lent qu’à part eux, tout le monde aurait perdu le beat entre deux mesures. Tout s’achève dans les chœurs somptueux et l’harmonica morbide de « Pig X 3 ». Le rythme des Melvins : la respiration de la Baleine Blanche qui survivra à tous les Achab du Rock – et qui continuera à résonner quand on aura oublié jusqu’à l’existence de la musique populaire.