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I – Révélation de Jeeezuss, que Nobodaddy lui a confiée pour montrer à sa bande de clowns et de bras cassés ce qui doit arriver bientôt. Il l’a signifiée, par l’entremise de votre vieux Pac, lequel atteste comme parole de Nobodaddy et témoignage de Jeeezuss tout ce qu’il a vu. Heureux le lecteur de Chro’, s’il en observe le contenu, car le temps est proche. 

Un jour de décembre, j’entrai en extase et j’entendis une voix claironnant derrière moi : « Écris dans un article ce que tu vois, et adresse-le aux sept chapelles : à Technikart, à Taddéï, au pseudo-Charlie, au Grand Journal, aux Inrocks, à Chro’ et à Libé. » Je me retournai pour savoir quelle voix me parlait : j’aperçus alors comme un espèce de type ; à sa vue je tombai en pamoison et il posa sur moi sa main droite et dit : « LOOOOOL : écris donc ta vision, tant sur la situation actuelle que sur l’avenir. »

 

II – Pour l’ange de Technikart, note : « Voici ce que dit Jeeezuss : Je connais ta peine et ton endurance : tu ne peux pas supporter les faux-culs, tu as mis à l’épreuve ceux qui se prétendent cool et les as trouvés nuls. Je te reprocherai pourtant de consacrer trop de pages à la hype ou à sa critique ; ras-le-bol : je vais la foutre au lit, ainsi que tous ses complices chronophages, pour y souffrir beaucoup. N’oublie pas la naïveté de l’enfance. Rappelle-toi de quelle enfance tu viens et retournes-y. »

Pour l’ange de Taddéï : « Je connais ton courage et ton humilité – encore que tu sois très fier – et les insultes de ceux qui se prétendent purs mais ne sont que des nazes, alors que, chez toi, personne n’interrompt personne et que tu ne coupes pas tes invités pour donner toutes les cinq minutes ton avis comme un vulgaire Ruquier. Ne crains pas ce que tu vas subir : un de ces jours le diable va écrire un nouveau bloc-notes contre toi dans Le Point ; c’est pour que tu sois mis à l’épreuve en traversant dix jours de tourmente. »

Pour l’ange du pseudo-Charlie : « Je sais où tu habites, j’y ai mis même foutu le feu : là se trouve le trône de Satan ; malgré cela tu es attaché au nom de la gloire des 70’s et tu n’as pas renié Gébé. Mais j’ai contre toi un sacré grief : tu as, en ton sein, des partisans de la doctrine des nicolas-sarkozystes et tu aimes bien taper sur les arabes. Reprends-toi en main, sans quoi je vais venir te casser la gueule avec l’épée de ma bouche. »

Pour l’ange du Grand Journal : «  Je sais tes soi-disant œuvres, ton soi-disant amour, ta soi-disant foi et ton service après vente soi-disant drôle. Mais j’ai contre toi que tu tolères Ariane Massenet, cette femme qui se dit intelligente et qui égare tes téléspectateurs. Je lui ai laissé du temps pour se repentir, mais elle ne peut pas quitter sa stupidité. Voici, je la jette dans un bidet d’amère détresse ainsi que Denisot et Apathie, pour les frapper de mort. Que celui qui a des oreilles entende ! »

 

III – Pour l’ange des Inrocks : « Tu passes pour vivant mais tu es mort. Prends garde à toi, car je n’ai pas trouvé tes œuvres parfaites devant mon Dieu. Tu as pourtant dans ton équipe quelques journalistes d’investigation qui n’ont pas sali leur manteau ; ils pourront circuler avec moi vêtus de blanc, parce qu’ils le méritent. »

Pour l’ange de Chro’ : « Je connais tes œuvres. Voici que je tends ouverte devant toi une porte que personne ne peut fermer, car, malgré tes imperfections, et quelques couvertures un peu moches, tu n’as pas renié mon nom. Je t’aime. Je vais venir bientôt. Tiens ferme ta couronne. »

Pour l’ange de Libé : « Je connais tes façons d’agir : tu n’es ni froid ni bouillant. Que n’es-tu froid ou bouillant ! Parce que tu es tiède, je vais te vomir. Puisque tu dis : « Je m’en fous, j’ai Rothschild derrière moi, je ne manque de rien » sans te rendre compte que tu es piteux, pauvre, aveugle et nu. En plus, tes jeux de mots dans les titres, c’est complètement fasciste, espèce de con. »

 

IV – Après ça, j’eus une vision : il y avait une blessure dans le nuage, comme dans un poème de Scott Batty, j’entendais une succession de drones et de scratchs, un didgeridoo comme dans Civilization Phaze III de Frank Zappa et la voix claironnante me disait : « Monte ici que je te montre le dispositif de ce qui doit arriver plus tard ». Au ciel je vis un gigantesque écran de télévision. Autour, il y avait les vingt-quatre freaks du film de Tod Browning. Face au trône se trouvaient quatre Animaux qui me regardaient fixement : le premier animal était un renard, le second un papillon, le troisième un hippocampe et le quatrième une salamandre. 

 

V – J’aperçus à la droite de l’écran un livre cacheté de sept sceaux, et je vis un espèce de type gueuler : « Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en faire sauter les sceaux ? » Alors que Schlitzie explosait de rire, Josephine Joseph chantonnait toute seule et Prince Radian s’allumait une clope, je me mis à pleurer. Alors Johnny Eck me dit : « Ne pleure pas. Quelqu’un a trouvé moyen d’ouvrir le livre aux sept sceaux. » J’aperçus alors, comme sorti de l’écran, une vedette sacrifiée : elle épiphanisait les âmes de Gene Tierney, Romy Schneider, Isabelle Adjani et Marie Laforêt et répondait au nom de Karen Mulder. Daisy et Violet Hilton jouèrent de leurs deux saxophones, Elvira et Jenny Lee dansèrent, et les autres freaks chantaient : « Tu es digne de prendre le livre, parce qu’on t’a foutu en l’air pour ta beauté. On t’a fait faire un petit disque pour te tamponner. Tu es la victime sacrifiée de ce monde mauvais. »

 

VI – Karen Mulder ouvrit le premier sceau. Apparut alors un cheval de fromage blanc que montait un cavalier nommé Hollande. Lorsqu’elle ouvrit le deuxième sceau, il sortit un autre cheval en kärcher. Il fut à son cavalier, Sarko, d’ôter la propreté de la terre, de façon qu’on se salît simplement lorsqu’il vous touchait de sa main. Lorsqu’elle ouvrit le troisième sceau, je vis paraître un cheval de pseudo-part maudite, monté par une cavalière nommée Marine. Lorsque Karen Mulder ouvrit le quatrième sceau, je vis paraître un cheval verdâtre, dont le cavalier s’appelle la Mort ou, plus couramment, la Démocratie. 

Lorsqu’elle ouvrit le cinquième sceau, j’aperçus au-dessous de l’autel les âmes des hommes immolés à cause de ces quatre cavaliers – des musulmans pauvres et des gitans, surtout – et ils hurlaient : « Jusqu’à quand resteras-tu sans venger notre sang sur les habitants de la terre ? » 

Puis je vis Karen ouvrir le sixième sceau ; le soleil noircit, la lune devint rouge sang et les stars se mirent à déchoir terriblement, et exposer tous leurs enfants comme des pièces de viande sur l’étal d’un boucher : Julie Depardieu, Anthony Delon, Chiara Mastroiani, Robinson Stévenin, Sagamore Stévenin, Salomé Stévenin, David Halliday, Laura Smet, Romane Bohringer, Lou Doillon, Thomas Dutronc, Sean Lennon, Louis Garrel, Jean Sarkozy, Lulu Gainsbourg ! Le ciel se retira comme une erreur système. Les riches et les puissants allèrent se planquer dans des rues privées du XVIe arrondissement, contrôlées par des flics.

 

VII – Je vis quatre anges aux quatre coins de la terre : ils domptaient les quatre vents de la terre pour que le vent ne soufflât sur aucun champ de fraise ni aucun gâteau de miel sauvage ni aucun oignon de verre. Je vis encore un autre ange ; c’était le Morse, qui n’apparaissait que lorsque les quatre autres étaient réunis ; il se mit à crier d’une voix retentissante : « Ne touchez ni aux oignons de verre, ni aux gâteaux de miel sauvage, ni aux champs de fraise, que nous n’ayons marqué au front les serviteurs de Nobodaddy ! Détruisez par contre sans hésiter tout ce qui pue l’auto-tune, l’électro-pop ou le revival yéyé… Goo goo g’ joob ! » J’entendis alors le dénombrement des gens marqués : 144 000. C’était le nombre de bons morceaux de pop et de rock qu’avaient inspirés les anges. Et il y en avait un par personne marquée. 

 

VIII – Lorsque Karen Mulder ouvrit enfin le septième sceau, il se fit au ciel un silence d’un siècle. Je vis alors sept anges devant Karen Mulder : on leur donna sept trompettes. Le premier ange sonna de la trompette : une montagne ardente s’éleva, pleine de treilles où le Pampre à la rose s’allie, de soupirs de Sainte et de cris de Fée, de filles de feu et de chimères. Le deuxième ange sonna de la trompette : le ciel bas et lourd pesa comme un couvercle, des cloches lancèrent vers le ciel un hurlement affreux, et des fleurs du mal se précipitèrent sur le sol. Le troisième ange sonna de la trompette : je n’aperçus alors nul ptyx, aboli bibelot d’inanité sonore, la planète semblait dévastée par ce seul objet dont le néant s’honore. Le quatrième ange sonna de la trompette : tout était illuminations, idées du Déluge se rasseyant, lièvres arrêtés dans les sainfoins et prières à l’arc-en-ciel à travers la toile de l’araignée. 

 

IX – Le cinquième ange sonna de la trompette : il chut du ciel une chandelle verte qui flambait comme une étoile absinthe. Marqués au ventre par la cornegidouille, bien des gens moururent d’avoir bu de cet alcool trop puissant ; ou d’ennui, à force de traîner avec des vieux moustachus à nez rouge du Collège de Pataphysique. Le sixième ange sonna de la trompette : tout n’était plus qu’épaisseurs et haute solitude, visitations préhistoriques, piétinements dans Paris, déjeuners de soleil et dîners de lune. 

 

X – Je vis alors un autre ange descendre du ciel, uruguayen, la tête recouverte d’un léger duvet d’adolescent, le visage pâle comme un linceul. Il tenait à la main une publication permanente qui n’a pas de prix, des chants et des poésies. Je m’avançai vers l’ange et le priai de me remettre le petit livre : « Tiens, me dit-il, prends-le et mange-le ; seulement il te sera aigre aux entrailles, bien qu’à la bouche il doive t’être doux comme le miel. » Puis on m’expliqua : « Tu devras balancer des sarcasmes à la gueule de bien des nations, des peuples et des rois. »

 

XI – Alors on me donna un balais à chiotte en guise de bâton d’arpenteur, et on me dit : « Arpente le temple de Nobodaddy ! Mais le parvis extérieur, laisse-le en dehors de l’espace arpenté : il est livré aux blaireaux, qui vont fouler la sainte-poésie pendant deux à trois siècles. » Il se produisit des éclairs, des coups de tonnerre, mais une pluie pas aussi forte que j’aurais cru.

 

XII – Ensuite parut une Dame enveloppée de soleils, sept lunes sous ses pieds. Elle était enceinte et criait dans les douleurs de l’enfantement. Appelez-là Mme Hara-Kiri, Lady Freak, Miss Anarchie ou Sa Chevalerie Sauvage. Elle se confronta à un Dragon qui avait le sourire de Timothy Leary, le survêtement de Jerry Rubin, le rire de Bernard Kouchner, la coupe de cheveux d’André Glucksmann, le pull rose d’Anne Sinclair, le bronzage artificiel de Bernard Tapie, la peau de Jack Lang, le vagin piteux d’Hilary Clinton, la tête en chewing-gum écrasé de Bill Clinton, le poil de pied sur la langue de Patrick Poivre d’Arvor, les gestes de croque-mort déglingué de Philippe Val, l’onctuosité de charcutier métrosexuel de Philippe Garrel, les joues remplies de têtes de bébé écrasées de Philippe Sollers, les entrées et sorties de langue de psychopathe sexuel castré d’Alain Finkielkraut, les tics à l’œil et les mains en forme de pieds d’Henri Guaino, l’habitude de taper sur une casserole pour se faire écouter de Marek Halter, le squelette mal branlé de curé vichyssois de Paul-Marie Coûteaux, l’énergie de boy-scout sodomisé de Caroline Fourest, les ridicules petites mains de Fernando Arrabal, les pantoufles traînantes de Jean-Claude Carrière, le foie de canard gavé de Jean-Michel Ribes, le sex-appeal d’Arlette Chabot, le regard plein de tendresse et d’intelligence de Mimie Mathy, le menton en suppositoire d’Eric Besson, le gaullisme Tokio Hotel de cette bringue mal gaulée de Natacha Polony, la chaussette pleine d’herbe à chat dans la bouche d’Elizabeth Lévy, l’incapacité de se concentrer de Pierre Palmade, les évidentes carences intellectuelles et épistémologiques de Muriel Robin, les allures de poule à tête coupée d’Anne Roumanoff, le gros cul de Thierry Ardisson, les yeux de branleur compulsif de Yann Moix, la verrue de Denis Tillinac, le regard de flic en chaleur de Christine Angot, l’odeur de lavande mêlée de bière éventée de Catherine Breillat, la bite de Pascal Bruckner, l’Alzheimer de Dany Cohn-Bendit et la moustache rasée de Michel Polac. Le Dragon se posta devant la Dame pour dévorer son enfant. Il y eut une guerre dans le ciel : Kenny et ses anges – Stan, Kyle, Cartman, Butters, Tweek, Timmy, Clyde, Token – bataillèrent avec le Dragon. Ainsi fut culbuté le Serpent primitif. J’entendis alors une voix céleste crier : « Kicks Ass ! »

 

XIII – Je vis alors une Bête qui avait la force d’une panthère, mais les pattes d’un ours et la laideur d’une vieux rat. Tout le monde se pâmait d’admiration devant elle, et se prosternait en disant : « Qui pourrait se mesurer à la Bête et batailler avec elle ? » On lui accorda la faculté de proférer des paroles arrogantes, et de sévir dans tous les médiums : elle fut de tous les films et chanta tous les chants. Elle put l’emporter sur tous les autres même si tous les habitants de la terre la détestaient et certains murmuraient en la croisant : « C’est nul, tu n’iras pas à Baltard. » 

Et puis je vis monter en importance un faux prophète, qui avait la voix d’un crétin de théâtreux, mais la méchanceté d’une teigne. Le faux prophète, Nicolas Bedos, séduisait les habitants de la terre par les prodiges qu’il lui était donné d’opérer dans une chronique hebdomadaire et il lui fut donné d’animer l’image de la bête au festival de Cannes, afin que l’image de la bête parlât. C’est ici la sagesse. Que celui qui a de l’intelligence devine le nom de la Bête, car c’est le nom d’une femme (ouais, Mélanie Laurent, ouais). 

 

XIV – Je vis alors un autre ange voler au zénith. Il était gominé et cravaté, avait un mug de café dans une main, un donut dans l’autre, et une part de tarte aux cerises flottait à ses côtés. Il portait une bonne nouvelle destinée à ceux qui résident sur terre : « Ne vous inquiétez pas, pendant tout le temps de la fin, vous aurez de bons feuilletons télévisés, X-Files, Oz, The Wire, Carnivale, Deadwood, Lost, Fringe ; ils serviront de pare-feu aux enjeux contre-initiatiques des institutions culturelles ! » Un deuxième ange le suivit et dit : « Elle est tombée, Hollywood la grande ! »

 

XV – Je vis encore sept anges porteurs des derniers fléaux : Charles Manson et le fléau de l’amitié, Ted Bundy et le fléau de l’ambition, Henry Lee Lucas et le fléau de l’amour, le Zodiaque et le fléau de l’art conceptuel, Thierry Paulin et le fléau d’être français, Jean-Claude Romand et le fléau d’exister, Dominique Strauss-Kahn et le fléau d’être un fléau. La terre fut remplie de fumée. 

 

XVI – J’entendis alors une voix forte dire aux anges : « Allez répandre sur terre les sept jets de l’indigné divin ». Le premier envoya son jet sur des beautiful people. Il en résultat un ulcère pour les hommes qui se prosternaient devant des stars. Le deuxième envoya son jet dans l’océan de la mentalité yuppie. Tous les vieilles bêtes de droite périrent. Le troisième répandit son liquide dans les sources mêmes de la tendresse humaine. Tous les sentimentaux se recroquevillèrent dans leur lit d’angoisse. Le quatrième répandit son jet sur la soi-disant impossibilité du crime parfait. L’indiscernabilité entre fiction et réalité devint anxiogène. Le cinquième répandit son jet sur les grands-mères de la nation de la Bête. De douleur, tous les français se mordirent la langue. Le sixième envoya son liquide dans le fleuve même de la normalité, la classe moyenne, montrant qu’être un homme ordinaire est simplement un projet impossible. Le septième enfin répandit son jet amer dans la chambre 2806, rendant définitivement caduque la distinction entre serviteur de l’état et serviteur de mes couilles. La grande ville se brisa en trois, et Hollywood la grande fut rappelée au souvenir de Jeeezuss pour qu’il lui administrât le calice du vin de son ardente colère. 

 

XVII – Dominique Strauss-Kahn vint alors m’entretenir : « Viens, me dit-il, que je te montre la condamnation de la grande Prostituée, qui a grisé les habitants de la terre du vin de sa débauche. » Il m’emporta au désert. Là je vis une femme montée sur une Bête écarlate, ayant sept têtes et dix cornes. « Ca t’étonne ? me dit Dominique Strauss-Kahn, avec cette voix à la fois nasale et rocailleuse qui avait fait sa gloire. Je vais t’expliquer le symbolisme de la femme et de la Bête qui la porte. Il faut ici une intelligence pénétrante ! Les sept têtes sont les sept rois : Zine El Abidine Ben Ali, Hosni Moubarak, Mohammed VI, Abdelaziz Bouteflika, Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud, Cheikh Hamad bin Khalifa al-Thani, Jean-François Copé. Deux ont été renversé, il en reste quatre, l’autre n’est pas venu. C’est Nobodaddy qui leur a mis en tête d’exécuter son plan et de donner à Mélanie Laurent leur royal concours. »

 

XVIII – Je vis un autre ange descendre du ciel avec un grand sourire, et la terre était illuminée de la beauté de ses images : Europa, Kingdom, Antichrist, Melancholia… Il se mit à dire de sa voix malicieuse : « Elle est tombée, Hollywood la grande ! Repaire des crétins finis et des oiseaux répugnants ! » J’entendis encore une autre voix nasale, proche de celle d’un canard, dire, alors que sa main droite agissait telle une patte folle : « Quittez la place pour n’être pas solidaire des forfaits de Hollywood la grande ! Les trafiquants de la terre pleurent et se lamentent sur elle parce que les gens regardent désormais les films sur leurs iPhone ! » Alors un ange vigoureux souleva une pierre et la jeta dans la mer en disant, avec un fort accent allemand : « Ainsi sera précipitée Hollywood la grande, et jamais plus on ne la retrouvera. Les hommes se consacreront à la marche à pied. »

 

XIX – Après cela j’entendis dans le ciel un chœur chanter : « Gobble Gobble ! » Les vingt-quatre freaks s’inclinèrent ainsi que les quatre animaux, ils se prosternèrent devant Nobodaddy et dirent « Réjouissons-nous, parce qu’approchent les noces de Karen Mulder ! » Je vis encore paraître un cheval blanc. Sa Cavalière s’appelait Eva Joly. C’est avec justice qu’elle jugeait et faisait la guerre. Elle avait des lunettes cerclées rouges, et, parce qu’elle s’adressait à Dieu et non aux hommes, elle parlait d’une voix que nul ne comprenait sinon les anges. Puis je vis Mélanie Laurent, les rois de la terre et leurs armées faire la guerre à la cavalière. Mais Mélanie fut garrottée ; elle fut déchirée en morceaux et jetée dans l’étang de feu sulfureux. Le reste fut massacré. 

 

XX – Je vis encore un ange descendre du ciel. C’était un musicien à longue barbe de pope qui se cachait sous une robe de bure, tenait à la main le saz de l’abîme et le oud de l’Espérance. Il maîtrisa le Dragon et l’enchaîna pour mille ans. Je vis aussi des trônes, sur lesquels s’installèrent ceux qui reçurent le pouvoir de juger ; c’étaient les âmes des gitans qu’on avait décapités en Hongrie et en France depuis quelques années parce qu’ils n’adoraient aucune des Bêtes : Argent, Ambition, Progrès, Guerre… Ils vécurent une vie nouvelle et régnèrent mille ans. Au terme de mille ans, Bernard-Henri Lévy ressuscita et réécrit son livre : La Guerre (sans faire l’amour). Il s’évada du Royaume des Morts pour égarer les nations aux quatre coins de la terre et recréer de nouvelles guerres : en Iran, au Turkménistan, en Ouzbékistan, et même dans la principauté de Monaco. Mais un feu descendit du ciel et B.H.L. fut jeté dans l’étang de feu et de souffre, auprès de Mélanie Laurent. Chacun fut jugé selon ses actes. 

 

XXI – Je vis alors une terre nouvelle, et la ville divine, Las Vegas, remonter des entrailles auprès de Nobodaddy, comme une fiancée parée pour son époux. Alors Karen Mulder dit : « Cette fois, je rénove tout. » Puis elle me dit : « Les lâches, les empoisonneurs et tous les menteurs, leur part est dans l’étang tout embrasé de feu et de souffre. » Vint alors Elvis Presley. Son costume était d’or massif et il se mit à causer avec moi : « Viens, me dit-il, que je te montre Vegas, centre spirituel : c’est génial. » 

 

XXII – Et Elvis me montra Las Vegas. Et il me dit alors : « Ces paroles sont sûres et authentiques : c’est génial. » Et Jeeezuss ajouta son mot :  « C’est moi l’Alpha et l’Oméga, le principe et la fin : c’est génial. » Puisse le lecteur de Chro’ dire : « Louée soit Karen Mulder ! Loué soit Elvis ! Loué soit Jeeezuss ! »

La grâce soit avec vous, les gars.