Si le Yi King est le premier livre, le Tarot de l’Eden de Maud Kristen et Alika Lindbergh est le dernier. Celui qui reste après la disparition de tous les autres ; et le seul qu’on peut emporter partout, à partir duquel se vérifient tous les récits, s’analysent toutes les paroles, s’élaborent toutes les pensées, s’orientent tous les poèmes…

Le Tarot s’évalue, non par son origine, mais par sa fin.

Peu importe d’où il vient, ce qui compte c’est où il va – et où on va avec lui.

Son origine, chaque siècle l’aura rêvé de façon différente : pour les ésotéristes du XIXe siècle, le Tarot est égyptien; ses 22 arcanes majeures sont la trace d’un temple détruit . Pour les rationalistes du XXe siècle, le Tarot est italien ; c’est un jeu de courtisans dont on a tiré ensuite une lecture divinatoire. Pour les poètes du XXIe siècle, le Tarot est bohémien : il nous parle d’un monde dont la structure psychique est fixe, mais dont les interprétations ne cessent de se modifier à l’image des régions que l’on traverse. Il n’y a pas besoin de savoir qui l’a créé ; personne ne l’a créé : comme l’eau ou le lynx, il a toujours été là. Et tous les jeux de Tarot sont intéressants : chacun se donne comme une compréhension singulière de ce dépôt immémorial. Tous me passionnent.

Mais le seul que je pratique, c’est le Tarot de l’Eden.

Le Tarot de l’Eden est apocalyptique mais dans une forme lumineuse. Il nous parle depuis le monde que nous avons perdu ; pas pour nous condamner, mais pour nous aider à lire dans le livre de nos cœurs et à nous orienter. Le Tarot de l’Eden est une expression de la nature bienfaitrice, une allégorie du cycle historique, et une image de la destinée. Avec lui, nous rejoignons les grands Indigènes, guerriers intuitifs agissant en harmonie avec les animaux, la Terre et le Ciel. Dans les arcanes du Tarot de l’Eden, c’est la vie qui parle à la vie.